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Aventure Equitable 2008
14 juin 2008

Paoyhan, une escapade en Amazonie

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Savoir qu’on va vivre quelques semaines en Amazonie implique de nombreux préparatifs : vérifier que sa moustiquaire n’a pas de trous, qu’on a prévu suffisamment de pastilles contre le palu, se renseigner comme on peut sur les moyens de communication disponibles…

Mais penser à la jungle avant d’y avoir mis les pieds, c’est aussi se mettre en tête une multitude de clichés, rêver d’aventures dangereuses et excitantes. La réalité est tout autre ; du moins celle que nous avons côtoyée pendant notre mission à Paoyhan.

100_0151  A notre arrivée au lieu dit, après 12 heures de bateau sur le fleuve Ucayali, quelle ne fut pas notre surprise en ne voyant ni crocodiles, ni maisons dans les arbres, ni autochtones en tenue d’Eve ! Où est passé cet exotisme dont nous nous étions mis en quête en acceptant de travailler dans cette région de la selva ?

Les premières impressions passées, la santé récupérée après ce trajet de 2 jours depuis Lima, nous pouvons enfin découvrir ce nouvel environnement avec des yeux tous neufs.

Les habitants d’abord : hommes, femmes et enfants parlent tous shipibo, et espagnol dans le meilleur des cas. Pas facile pour commencer, mais ce genre de difficulté ne nous arrêtera pas !

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Les femmes - titas dans leur langue-, passent la journée à faire à manger, laver le linge, s’occuper des petits et réaliser leur artisanat, nappes et jupes en tout genre. Le seul moment dont elles peuvent pleinement profiter, c’est le dimanche, quand elles s’affrontent lors de matches de football, véritable sport national avec le volley…

Les hommes, eux, sortent plus souvent du village pour aller chasser, pêcher, couper du bois et ne rentrent souvent qu’après la tombée de la nuit. A ce moment, en guise de récompense du travail fourni, ils aiment bien boire une bouteille de bière, la San Juan, ou de Climax, sorte de mélange chimique à base de vodka. En fin de soirée, il n’y a rarement qu’une seule bouteille qui trône sur la table !! Les guides qu’on a lus parlaient d’une société matriarcale…. Ce n’est pas l’impression que nous avons eue…

Ils ne connaissent pour la plupart que les villages du district de Padre Márquez, dont fait partie Paoyhan, et Pucallpa, la grande ville la plus proche, tous accessibles uniquement en bateau. Mais tous rêvent de lointain, et ils ont déniché des trucs astucieux pour pouvoir voyager à leur manière : regarder des films des années 1990 avec Van Damme (avec le son couvert par le bruit du groupe électrogène, mais ils sont fans quand même !), parler avec les rares visitants étrangers et apprendre que la France n’est pas une capitale mais un pays, consommer des produits que nous mangeons en Europe… !

   100_0461  Ils vivent un peu en terre abandonnée, rattachés à la civilisation par le bateau qui les ramène sur la terre ferme, à Pucallpa, et leur permet de se réapprovisionner en denrées, de consulter un médecin si besoin est, ou tout simplement de régler certaines affaires.

Mais nous, cette vie nous a bien plu pendant 5 semaines, peut-être justement parce qu’elle était temporaire d’ailleurs : fêter nos anniversaires respectifs au milieu d’une centaine d’artisanes et goûter leur plat à base de tortue, vivre sans lumière après le coucher du soleil mais avec des milliers de moustiques, se laver à l’eau froide dans une cabane, manger du poisson plus ou moins bon à tous les repas ou presque, se balader en canoë sur un bras du fleuve…

Y’a pas à dire, les humains sont vraiment capables de s’habituer rapidement à des conditions de vie nouvelles…Plus le temps passe, plus on se sent shipibo, plus on se sent chez soi; les recoins du chemin n’ont plus de secrets pour nous, on nous parle en shipibo et nous comprenons quelques morceaux de phrases, il suffit de s’arrêter chez quelqu’un pour qu’il nous invite à manger (en revanche, nous ne savons toujours pas refuser quoi que ce soit !!)…Et surtout, les gens perdent leur timidité des premiers temps et nous commençons à vraiment bien nous entendre avec un groupe d’une dizaine de jeunes. Nous partageons avec eux autant de moments libres que possible : parties de volley, de cartes, apéritifs à la bière dans la seule buvette du village, cours de cuisine, sans compter les innombrables fous-rires…

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Avec autant de rencontres et d’amitiés nouées, on en oublierait presque le décor !! N’oublions pas que nous sommes en pleine Amazonie, ça n’est pas rien… Le village est construit sur une clairière, ce qui le rend lumineux et praticable (sauf en temps de pluie où tout devient de la boue…), mais dès que l’on quitte le seul chemin qui traverse le village, on tombe d’un côté sur le bord du fleuve et de l’autre on rentre dans la forêt, peuplée de serpents et de singes.

La page se tourne un matin de juin à l’aube : un départ précipité qui nous laissera tout juste le temps de saluer nos camarades. Ces images d’un mois en Amazonie défileront dans nos esprits pendant le trajet du retour sur le fleuve qui enfouit peu à peu notre village d’accueil dans la grisaille matinale.

Direction Lima, changement de décor. En retournant à la capitale, c’est comme si on se réveillait d’un long rêve qui nous avait emmené jusqu’en Amazonie. 

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